Fatiguée  Song

 Paroles  Frédéric Mignot

 

d'après FATIGUÉ    -Renaud

 

 

J'écris pour dire combien ma déception est grande.

Peut-être suis je seul, ou est-on des milliers,

A croire que le phoenix a péri dans ses cendres,

Que, de son souvenir, on doit se contenter?

Que sa magie des mots s'est éteinte à jamais,

Refroidie dans les restes de l'ancien brasier.

Je garde son empreinte un peu fossilisée,

Comme la précieuse preuve des années traversées.

 

Fatiguées, fatiguées.

Fatiguées sa conscience et sa lucidité,

Sa saine indignation que l'on a tant aimées

Et que le temps qui passe a fini par brûler.

Fatiguées, fatiguées.

 

Fatigué mais poussé à pas encore se taire

Même si ses sorties peuvent sembler minables

Et qu'il peine à faire croire qu'il serait encore vert.

Pour donner le change, il est de plus en plus mal.

Hélas il a perdu son espiègle écriture

Et l'admirable verve qu'il avait naguère.

Bien souvent aujourd'hui, il se caricature,

Voulant compter encore mais prouvant le contraire.

 

Fatigué, fatigué.

Fatigué mais sortant des titres alimentaires,

Bien que mal inspiré, diminué et amer,

Cherchant sans la trouver l'inspiration d'hier.

Fatigué, fatigué.

 

Fatigué et reclus chez lui au quotidien,

Interrogeant, sans doute, à quoi rime la vie.

Porté à bouts de bras par quelques uns des siens,

Qui l'aiment plus que tout ou profitent de lui.

Ses chansons d'autrefois, je les connais par cœur,

Ses moindres jeux de mots, le moindre de ses vers,

Il restera toujours une place dans mon cœur

Pour celui qui a si bien chanté la galère.

 

Fatigué, fatigué,

Fatigué de fumer et fatigué de boire,

De noyer son chagrin dans ses verres de Ricard,

Et de juguler sa mysanthopie notoire.

Fatigué, fatigué.

 

Celui qui autrefois traduisait notre rage,

Chantait si bien l'amour, la banlieue, les oiseaux,

Prenant de la bouteille et puis prenant de l'âge,

S'est rangé par défaut au côté du troupeau.

Dans ses chansons, jadis, j'ai trouvé mes racines,

Les prémices larvés de mon engagement,

De le voir aujourd'hui m'attriste et me chagrine.

Mon enfance s'en va, balayée par le vent.

 

Fatigué, fatigué.

Fatigué de pleurer ceux que l'on a aimé,

Surtout ne plus rien dire mais ne rien oublier,

Des airs et des paroles qui nous ont façonnés.

 

Fatigué, fatigué.

Fatigué de savoir combien on s'est leurré.

Fatigué de classer tous ces beaux discours

A la rubrique des souvenirs insensés.

Fatigué, fatigué.

 

 

 

 

Renaud

Odes & Parodies