Quelques paroles de la nouvelle chanson "Ta batterie"

 

Renaud revient. Il nous l'avait annoncé en exclusivité en juin dernier. Son album, pas prévu pour cette année à priori, se prépare discrètement dans un studio à Bruxelles.

Mais déjà l'une de ses chansons inédites va sortir dans quelques jours sur un autre disque. Celui de Grand Corps Malade, attendu le 23 octobre. On y entend l'auteur de « Mistral gagnant», sur un morceau entier, pour la première fois depuis six ans

La chanson, que nous avons pu écouter en avant-première s'appelle  «Ta Batterie» et s'adresse à son fils Malone, désormais âgé de 9 ans. La voix est fragile, les paroles bouleversantes. C'est un choc. Lorsque les premières notes d'une valse s'estompent pour faire place au piano, Renaud commence à parler, on ne reconnait pas sa voix.

«C'était ton anniversaire/Tu voulais une batterie/Une grosse caisse, une caisse claire/Tu voulais faire du bruit». Le timbre est très grave, fragile, la diction lente, les respirations fortes, les couplets parlés, les refrains chantés. C'est seulement quand les violons arrivent que l'on retrouve son intonation si singulière grimpant dans les aigus. «Tape, tape, sur tes tambours/Tape, Malone, sur mon amour».

C'est la première fois que Renaud chante depuis 2009 et son album de reprises celtiques «Molly Malone», mais c'est surtout la première fois qu'il écrit depuis «Rouge sang» en 2006. Ce retour à la chanson, cette renaissance après plusieurs années de dépression et de repli sur soi, on la doit notamment à Grand Corps Malade. Le slameur l'a invité avec neuf autres auteurs - Charles Aznavour, Erik Orsenna, Hubert-Félix Thiéfaine, Richard Borhinger, le rappeur Lino, Ben Mazué, Jeanne Cherhal - d'écrire pour son nouvel album à partir d'une même phrase «Il nous restera ça». Dans la chanson de Renaud, elle devient :
«Oui, tapes comme un sourd/Il me restera ça».

«Je l'ai proposé à Renaud, dont je suis un grand fan, au début de l'année et il m'a dit : »pourquoi pas, mais je n'ai pas d'idées«. Il m'a invité à le rejoindre chez lui dans le sud (NDLR : à l'Isle-sur-la-Sorgue), début mai. On a passé du temps ensemble et il m'a dit qu'il aimerait écrire une chanson pour son fils. Un jour, vers 18-19 heures, on s'est installé. J'ai fait les deux premières phrases. Et il a embrayé. Dans la soirée, la chanson était écrite».

Si pendant un peu plus de trois minutes, la voix de Renaud, 63 ans, apparait fragile, son écriture est toujours aussi forte, ciselée, à fleur de peau...
«Tu voulais faire du bruit/Comme j'en ai fait parfois/ça m'a bouffé la vie/Fais gaffe à tes petits doigts.» Il retrouve son humour lorsqu'il fait référence à son passé de «chetron sauvage» : «Alors j'ai mis mon âme dans tout mon baratin/Pour que tes Tatatam rejoignent mes Tatata (ndlr: clin d'oeil à sa chanson « Dès que le vent soufflera ») ». Il y évoque l'avenir : «J'aimerais bien qu'un de ces jours, mon enfant, mon garçon/Tes Cymbales, tes tambours viennent rythmer mes chansons». Et puis il y a ce dernier couplet, sa voix juste soulignée de nappes de claviers, qui vous file les larmes aux yeux.

«Moi je ne fais plus beaucoup de bruit/Tu l'as remarqué déjà/Oublie tous les vautours/Ton papa est bien là».

«Je n'oublierai jamais ce moment, avoue Grand Corps Malade. C'était émouvant de le voir réécrire et retrouver la magie. Je le voyais heureux, comptant sur ses doigts le nombre de pieds, cherchant les rimes... La musique a été composée par ma pianiste, Leslie Bourdin, les arrangements ont été réalisés par Babx. A la fin de la soirée, il a souri : »Finalement, ce n'est pas si dur d'écrire une chanson«. Une semaine après, il m'a appelé pour me dire qu'il en avait écrit deux autres. C'était le déclic, cela lui a redonné le goût de l'écriture, redonné confiance en lui.»

L'enregistrement de la voix a eu lieu en deux temps dans l'appartement parisien de Renaud. A la fin de l'été, entre deux séances d'enregistrement à Bruxelles, où Renaud prépare son propre album. «Ce n'est un secret pour personne que sa voix est cassée, commente Grand Corps Malade. Je lui ai demandé de susurer presque, ce qui lui donne ce côté sombre et doux à la fois. Mais Renaud se préserve et se soigne pour que sa voix retrouve sa force. Je suis optimiste... Et fier d'être un peu pour quelque chose dans son retour.» Autre fierté, la version finale de «Ta batterie» a tellement plu à Renaud qu'il y a de fortes chances qu'elle figure aussi sur son propre disq
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Renaud