Renaud, ses potes, ses copains, ses poteaux

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Renaud au Zénith de Paris, le 12 octobre 1988 .

Un hommage transgénérationnel émouvant,

à l’occasion de l’anniversaire du chanteur (lundi 11 avril à 20 h 50, sur France 3).

Renaud, on t’a dans la peau ! » C’est par cette déclaration d’amour que plusieurs artistes ont choisi de fêter les 63 ans du chanteur à travers l’émouvant documentaire de Didier Varrod et Nicolas Maupied diffusé le 11 mai, jour de l’anniversaire de Renaud. Un hommage qui nous laisse parfois au bord des larmes et pour lequel les deux auteurs ont eu l’idée originale de convier leurs invités dans un studio où le décor ressemble à l’univers du chanteur : des arbres, une guitare, un piano et un banc public sur lequel chacun vient s’asseoir pour évoquer un souvenir, expliquer l’apport de l’artiste dans la chanson française ou dire simplement pourquoi il l’aime.

Un beau cadeau offert par des artistes de tous horizons, comme Patrick Bruel, Nicola Sirkis (Indochine), Raphael, Alex Beaupain, Benoît Dorémus, Vincent Delerm, Disiz, Oxmo Puccino, Grand Corps Malade, Olivia Ruiz, Nolwenn Leroy, Louane, Elodie Frégé, ainsi que Johanna Copans, auteure d’une thèse sur les paysages dans les chansons de Renaud, ou Mazarine Pingeot, écrivaine et fille de François Mitterrand. Leurs paroles sont accompagnées d’interviews et de chansons filmées au cours de ses concerts ainsi que d’archives (parfois personnelles) sur la longue carrière de l’artiste. Le tout illustré par les (beaux) dessins de son ami Marc Large.

Poète des rues et du zinc

Au fil du documentaire, il se confirme que Renaud est un artiste transgénérationnel. Que ce soient les parents ou les enfants, il a séduit les premiers et reste une référence pour les seconds. « C’est à la fois un Rimbaud et un tendre voyou, un poète et un bandit », résume Elodie Frégé (33 ans). « C’est mon premier chanteur à moi », explique Alex Beaupain (40 ans), biberonné par ses parents aux chansons de Brassens, Brel ou Ferré. « J’ai grandi avec Renaud »,poursuit Fabien Marsaud, dit Grand Corps Malade (37 ans), des étoiles dans les yeux. « Renaud, c’est un poteau ! », s’exclament la plupart en soulignant que le chanteur est pour eux comme un copain de la vie quotidienne. « Il est transparent, très intime, et parle de nous », dit Vincent Delerm avant de reprendre Mistral gagnant au piano.

Indomptable, politique, révolté, énervé, sans Dieu ni maître, Renaud reste le poète des rues et du zinc des comptoirs. Il est surtout le reflet d’une époque où la dialectique d’une chanson pouvait casser les briques d’une société étouffante et bien-pensante. C’est dans la France giscardienne des années 1970 qu’il brandit Hexagone, violente attaque contre la France des beaufs, reprise avec d’autres paroles sur Internet, après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher. Il y eut aussi Où est-ce que j’ai mis mon flingue ?, Miss Maggie, Société, tu m’auras pas ! « Il serait impossible d’écrire ce genre de chansons aujourd’hui », remarque Patrick Bruel.

Mais Renaud l’anar a aussi flirté avec le pouvoir. Séduit par François Mitterrand, homme de culture qui n’avait rien d’un révolté, le chanteur s’engagea à ses côtés pour son second septennat avec le slogan « Tonton laisse pas béton », et ce malgré toutes les trahisons que l’artiste dénonçait dans ses chansons. « C’est un mec qui me touche », se justifiait-il, en parlant de l’ancien président de la République. « Ils avaient un lien particulier », confirme Mazarine Pingeot.

Aujourd’hui, tout le monde souhaite son retour et espère que Docteur Renaud va enfin sortir de sa retraite, en laissant Mister Renard dans sa tanière.

 

Renaud