Une boisson promet de stopper l'ivresse.....

......et fait grincer des dents.

                     "Si quelqu'un inventait un produit capable de diminuer réellement le taux d'alcoolémie, il mériterait le prix Nobel".... (1)
 


         Accélérer "de façon importante la chute du taux d'alcool dans le sang" : c'est ce que promet une boisson "révolutionnaire" qui sera présentée en France vendredi 18/06/10  et s'attire déjà les foudres des acteurs de la lutte contre l'alcoolisme.
        "Cette boisson gazeuse (...) accélère de façon très importante la réduction du taux d'alcool dans le sang et permet aux individus de retrouver plus rapidement un état normal", promet une invitation à une conférence de presse à Paris.
        La société Outox garde secrète la composition de sa boisson du même nom avant son lancement en France. Seul indice, la présence prévue à la conférence du médecin Gérard Porte, invité pour parler des vertus du fructose.
        Elle sera proposée sous forme de canettes de 33 centilitres, pour un prix non communiqué et sera disponible dans un premier temps sur internet.
        Des négociations avec des distributeurs sont en cours, a expliqué une porte-parole d'Outox à l'AFP, pour que ces canettes soient ensuite vendues dans des grandes surfaces, des bars ou des restaurants. "Ca peut même être vendu dans des distributeurs automatiques au sortie des facs, des boites de nuit", a-t-elle ajouté.
        Une idée qui fait bondir les acteurs de la lutte contre l'alcoolisme, qui craignent que ce type de produit incite les gens, en particulier les jeunes, à boire plus quand ils sortent ou avant de conduire.
        Pour la Sécurité routière, il n'existe pas de formule miracle pour faire baisser le taux d'alcoolémie dans le sang. L'alcool est la première cause de mortalité sur les routes. "Si quelqu'un inventait un produit capable de diminuer réellement le taux d'alcoolémie, il mériterait le prix Nobel", ironise le docteur Alain Rigaud, président de l'Association nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie. "On voit apparaître régulièrement ce type de produits et je suis très sceptique", appuie Patrick Fouilland, président de la Fédération des acteurs de l'alcoologie et de l'addictologie.
        De plus, même si cette boisson se révèle efficace, la personne en consommant ne saura pas quand elle sera revenue au taux autorisé de 0,50 gramme d'alcool par litre de sang. "Cela risque d'encourager les gens à conduire sans avoir évalué leur taux d'alcool", avertit M. Rigaud.
        "Des tests médicaux ont été réalisés et ils sont très probants", répond la porte-parole d'Outox. Ils seront dévoilés lors de la conférence de presse.
        Si cette boisson permet réellement de réduire plus vite le taux d'alcool dans le sang, elle pourrait relever du domaine des alicaments, qui sont soumis à une législation spécifique, explique pour sa part la DGCCRF (direction de la concurrence, NDLR), qui dit suivre le dossier. "Or, à ce jour, de telles propriétés n'ont jamais été validées scientifiquement", rappelle-t-elle.
        Car ce n'est pas la première fois que les pouvoirs publics sont confrontés au lancement de ce type de mixtures, qui les laissent relativement désarmés, selon le ministère de la Santé. Impossible de les interdire en effet tant qu'elles ne sont pas dangereuses.  De Laure FILLON (AFP)


        Outox, la boisson qui n'est finalement pas «anti-gueule de bois»

                Les autorités sanitaires françaises ont conclu que l'Outox n'a aucun effet scientifiquement démontré sur l'alcoolémie du consommateur. L'entreprise pourrait désormais être condamnée pour publicité mensongère.

                                La direction de la consommation (DGCCRF), qui avait saisi l'Anses, a demandé dans la foulée le retrait immédiat des mentions «accélère la baisse naturelle du taux d'alcool» et «prévient les lendemains difficiles» qui figurent sur les bouteilles (l'entreprise avait déjà dû enlever la mention «Safety drink» - boisson de sécurité - en juin pour se mettre en conformité avec le droit communautaire). Ces allégations tombent désormais sous le coup des règles sur la publicité mensongère. Sans ces deux promesses, le soda redevient un simple concentré de sucres couleur Fanta au goût de bonbon.

En attente d'une évaluation européenne

        Une nouvelle étude commandée par Outox à un laboratoire indépendant et présentée à l'Anses n'apporte aucun élément nouveau. L'agence fustige au passage un protocole d'étude «inadapté» et une analyse statistique «inappropriée» avant d'apporter le coup de grâce: sans tenir compte de tous ces problèmes méthodologiques, la baisse d'alcoolémie constatée est trop variable et trop faible pour présenter une signification biologique.
 

        Devant un tel camouflet, le PDG de l'entreprise, Maurice Penaruiz, a déclaré qu'il allait contester l'avis de l'Anses et attendre une décision juridique avant de retirer les messages incriminés. Débarrassé de son marketing «anti-alcoolémie», la boisson présenterait en effet beaucoup moins d'intérêt aux yeux des consommateurs. Après seulement dix jours de commercialisation dans différentes grandes surfaces bretonnes (une cinquantaine de magasins Intermarché, Leclerc et Ecomarché), le coup pourrait bien être fatal à la jeune entreprise. Seuls les résultats de l'Efsa (équivalent européen de l'Anses), qui mène actuellement une évaluation des effets du fructose sur l'absorption d'alcool, pourraient maintenant le sauver.

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