Entièrement réaménagé, le magnifique bâtiment Art Nouveau de 12 500 m² accueillera en 2019 près de 400 personnes issues de dix sites différents

Société - Marseille : le chantier de la renaissance pour la Poste Colbert

Aujourd'hui occultée par une dalle, la grande verrière datant des années 30 sera rouverte à la lumière et au ciel. Photo nicolas vallauri

Une magnifique renaissance s'annonce pour l'ancien Hôtel des Postes dont le bâtiment, ceinturé par les rues Colbert, Saint-Cannat et Colonel-Pétré, dans le 1er arrondissement, se trouve actuellement en grands travaux.

Propriété de Poste Immo, la filiale immobilière du groupe, qui a souhaité le conserver dans son patrimoine malgré les sollicitations d'opérateurs privés (Virgin, Apple, etc.), cet immeuble de 12 500 m² dessiné par Joseph-Henri Huot à la fin du XIXe  siècle fait en effet l'objet d'une restauration complète ; une mission lourde et complexe confiée à l'architecte Roland Carta (Le Silo, le musée d'Histoire).

But du chantier dont la livraison est prévue au 2e semestre 2019 : accueillir près de 400 personnels des directions "support" de La Poste (direction régionale, ressources humaines, communication, services juridiques, achats, etc.), actuellement dispersés sur une dizaine de sites (Château-Gombert, Barbusse, Joliette, République...). Tout cela dans des conditions de confort optimales, en préservant l'âme du bâtiment, son architecture Art Nouveau (post-haussmannienne) et, comme le souligne Roland Carta, "ses vertus organisationnelles" liées à une distribution des espaces particulièrement efficace.

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Le futur jardin terrasse de 600 m².

Un programme d'un peu plus de 20 millions d'euros qui sera livré en fin d'année 2019

Ambitieux, ce programme nécessite entre autres, de curer, déplomber et désamianter les locaux fermés au public depuis 2011, mais aussi rouvrir la grande verrière datant des années 30, reconstituer les innombrables fenêtres en bois dans leurs formes d'origine, dégager les poteaux en fonte et autres voûtains en briques qui soutiennent l'édifice, ou encore préserver les tourelles, surmontées chacune d'une cheminée d'évacuation des fumées de combustion des anciens fours à charbon qui chauffaient le bâtiment.

Le futur "village de La Poste" intégrera notamment des espaces de travail partagés, un jardin terrasse de près de 600 m² avec trois patios végétalisés, un restaurant d'entreprise, et un parking de 40 places desservi par une rampe qui sera créée (et creusée) de toutes pièces, à l'entrée de la rue Saint-Cannat. Réorganisation dont l'une des particularités est d'être menée, depuis son lancement en 2016, en étroite collaboration avec les agents de La Poste qui prendront possession des lieux dans dix-huit mois.

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L'entrée principale que connaissaient les riverains et les usagers sera préservée.

La visite de chantier organisée hier matin par Christine Bord Le Tallec, déléguée régionale du groupe La Poste en Provence-Alpes-Côte d'Azur, et Daniel Idiart, directeur régional de Poste Immo, a surtout permis à leurs invités de prendre conscience du formidable potentiel de ce bâtiment, mais aussi de l'ampleur de la tâche. Menés par le Groupe Vinci qui mobilise sur le site entre 130 et 150 ouvriers, les travaux de restructuration devraient débuter très prochainement.

En revanche, la direction de La Poste n'a pas souhaité rendre public le coût total de l'opération. Mais selon nos informations, l'ensemble du projet aurait nécessité un investissement d'un peu plus de 20 millions d'euros.

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Retour sur un édifice qui contient une part d'histoire de Marseille.

La Poste Colbert est un des derniers édifices particulièrement majestueux du XIXe siècle réalisé à Marseille bien qu’il ne soit pas (encore) inscrit à l’inventaire des Monuments historiques.

Sa construction de 1889 à 1891 se situe entre le Palais Carli des Beaux-Arts (1874) et la caserne centrale des pompiers (1912). Oeuvre de l’architecte Joseph Huot, cette poste quasi palatiale fut bâtie sur l’espace laissé après la démolition à partir de 1882 d’immeubles vétustes et la percée de la rue Colbert. C’est ainsi que furent rasées l’église Saint-Martin du XIème siècle et la maison natale du dessinateur Honoré Daumier. L’Hôtel des Postes a ouvert le 30 septembre 1891 et fut inauguré le 8 octobre par le président du conseil et quatre ministres de la IIIème République venus surtout poser la première pierre du grand égout de la ville. Son hall qui débouche sur deux ailes est le plus vaste de Marseille avec 240 mètres carrés de superficie.

Sa cour intérieure fait 1200 mètres carrés. Sa façade principale porte les médaillons des physiciens De Coulomb, Volta, Faraday et Ampère (mort à l’infirmerie du lycée Thiers), tous sculptés par Stanislas Clastrie.

* L'origine du trop fameux "Quart d'heure marseillais "       qui signifie "être à l'heure... avec 15 minutes de retard "i

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La tourelle en surplomb côté rue Saint-Cannat abritait le central du premier réseau téléphonique marseillais qui comptait 440 abonnés en 1889. Il était même possible de télégraphier la nuit.

C’est dans ce bureau de poste véritable ruche de plusieurs centaines d’employés des télégraphes que fut muté le facteur arlésien Joseph Roulin à la barbe fabuleuse rendue célèbre par son ami Vincent Van Gogh qui le peint si admirablement.

L’annonce de l’armistice du 11 novembre 1918 parvint sur le télégraphe de la Poste Colbert à 7h30, deux heures après la signature et fut ovationné par les usagers accourus qui entonnèrent la Marseillaise dans le grand hall. Le 12 avril 1930 au soir, y fut donnée une séance radiophonique publique (des lectures de poèmes d’Edmond Rostand). En août 1937, l’affaire des télégrammes au central de Colbert défraya la chronique jusqu’au plan national : des espions de Franco se faisaient remettre des télégrammes chiffrés adressés au gouvernement républicain à Valence renseignant sur les départs de navires. Elle fut le théâtre d’âpres combats à la Libération. C’est aussi à Marseille-Colbert qu’aboutissaient les appels au 12 des « demoiselles du téléphone ».

David COQUILLE  - La Marseillaise du 04/01/2016

 

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